Avec l’UTCO, je signe mon 3ème abandon :
- Ecotrail 2011, mis sur le compte d’un coup de chaleur
- Aventuriers du bout de la Drome en 2011, pour cause de pas envie/pas le moral
- UTCO 2014 pour cause d’épuisement général
Fort de ces expériences, je pense que l’abandon ne devrait jamais être analysé à la légère. Ci-joint quelques pensées, qui n’engagent bien entendu que moi…
Comment (et pourquoi) je choisis et mes courses
Lorsque je m’inscris quelque part, c’est parfois réfléchi, parfois impulsif, et le « calibre » de la course n’a rien à voir avec cela. J’ai aujourd’hui un niveau qui me permet de m’aligne sur à peu près n’importe quelle distance jusqu’à 100km environ, pour peu que le terrain ne s’annonce pas trop délicat. Je réponds clairement à travers cela à un besoin d’évasion, de Paris (que pourtant j’adore), de mon contexte de vie, privé, professionnel, et tout simplement à une envie de nature.
J’utilise le cadre des courses pour me fournir une échéance (quoiqu’une réservation d’hôtel suffirait) et pour la logistique qui m’est offerte : en quelque sorte, c’est un service que j’achète. Le côté performance me plait, mais il n’est finalement pas souvent primordial. C’est différent pour les courses sur route du 1er trimestre, où la performance devient un jeu et un besoin d’accomplissement (tiens, salut Maslow, je t’avais pas vu venir !!!)
Je choisis donc mes courses nature en fonction de leur localisation et de la signification du parcours. Il faut que ce soit accessible (les courses au fin fond des Cévennes m’attirent beaucoup, mais sorti de la gare SNCF la plus proche, c’est compliqué de rejoindre le départ !), et j’apprécie particulièrement de comprendre la logique du parcours. Par exemple, on fait le tour d’un massif, on relie 2 lieux ayant un lien symbolique (Saintélyon), un parcours « stakhanoviste » (Mairies de Paris),…
Pourquoi je prends le départ
Eh bien parce que je suis inscrit, naturellement ! Est-ce la bonne raison ? Je ne le crois plus. Et bizarrement, je n’ai abandonné que sur des courses qui étaient des objectifs réfléchis. Pourtant je ne m’inflige plus aucune pression depuis 1 an et demi. Que je fasse ou non telle course, dans le fond, on s’en fiche. Il n’y a aucun enjeu et ma vie n’en sera aucunement altéré.
Pourquoi je ne devrais pas prendre un départ
Voilà une question beaucoup plus intéressante ! Je considère que sur 3 abandons, les 2 derniers auraient dû avoir lieu avant le départ. Pour les Aventuriers du Bout de la Drôme, je n’avais que des idées noires en tête (eh oui, mon légendaire optimisme n’est parfois pas suffisant !). Or comment s’engager sur 100km difficiles en n’ayant aucune pensée positive ? Pour l’UTCO, je me savais dans un état avancé de fatigue physique et nerveuse. À brûler la chandelle par les 2 bouts, le résultat était prévisible. Là encore, il n’était pas raisonnable de s’aligner pour 100km.
J’en déduis qu’avant de se mettre en tenue, il faut être capable de répondre à une question simple :
S’il n’y avait pas l’organisation, si j’avais planifié cette sortie en autonomie complète et sans rapatriement, serais-je prêt à y aller ?
Comment tirer parti d’un abandon
D’abord je pense qu’il faut se connaitre avant de s’engager sur un ultra, et y aller progressivement. Il est important de savoir travailler le mental et se pousser dans ses retranchements, en revanche il est primordial de n’attaquer une course qu’en étant disponible. Je ne suis pas un professionnel de la course, j’ai un métier très prenant, une vie privée tout aussi chargée : cela fait déjà de nombreux lièvres à courir.
Un abandon ne devrait jamais être pris à la légère, notamment lorsqu’il ne résulte pas d’un facteur accidentel (blessure sur chute notamment). Il résulte généralement d’un manque de séniorité, de préparation, ou de clairvoyance avant le départ. Dans les 3 cas, il est important de porter un regard critique sur la genèse de l’échec, souvent bien en amont de l’événement.
Les 3 « catégories » que je viens de citer peuvent s’anticiper et s’adresser, évitant ainsi des déconvenues dont les conséquences peuvent se répercuter sur le moyen voire le long terme.
Savoir rebondir !
D’abord, il faut rester rationnel. Il faut le temps de prendre le recul nécessaire. Il convient donc de ne pas se précipiter à nouveau sur un nouvel objectif ambitieux : redémarrer progressivement est important. En fait, je me suis toujours trouvé en forme après un abandon : finalement, je n’ai pas fait la course jusqu’au bout. C’est un leurre : il faut ménager un temps de récupération.
Ensuite, il faut trouver un nouvel objectif : je pense qu’autant que possible, il doit être très différent du précédent. Par exemple, suite au marathon de Paris, je vais dans un premier temps repartir sur un plan 10km. Moins contraignant que le marathon, je sais que c’est une distance qui me réussit. Cela devrait m’aider à bien repartir ensuite sur du long, tant physiquement que mentalement.
Enfin, place au plaisir ! Une solution peut être de laisser passe un peu de temps, de réaliser quelques footings sans montre, GPS,… Si, c’est rare, mais ça m’arrive ! Ou au contraire, de repartir sur un entrainement très cadré, scolaire, pour reprendre les bases et retrouver ses marques, bref, de prendre le temps de se tourner vers l’objectif suivant. Eh oui, scolaire et plaisir ne sont pas des antagonismes !
des footings sans gps ?
mais t’es malade !
Bon sinon j’aime bien ta question
« S’il n’y avait pas l’organisation, si j’avais planifié cette sortie en autonomie complète et sans rapatriement, serais-je prêt à y aller ? »
Un peu extrême mais surement salutaire. Et pour ce qui est de « durer » je pense aussi qu’il faut vraiment varier les types de course, et donc la prépa au quotidien : trail, route, long, court…
Merci Julien ! Je crois que de toute façon c’est un principe universel, d’aspirer à varier les plaisirs
Pour les footings sans GPS (disons sans Runkeeper), j’ai un grand principe : si c’est pas dans Runkeeper, ça n’a pas eu lieu