J’avais terminé le marathon de Paris il y a 1 mois très frustré de n’avoir pas réussi à atteindre mon objectif, alors que les conditions étaient réunies. De fait, sachant que je n’allais pas prendre part au trail du Nivolet-Revard pour cause de déménagement, j’ai pris un billet pour Sénart. Grand bien m’en a pris !
Le mois d’avril n’aura pas été de tout repos. Marathon de Paris le 7, incident cataclysmique au bureau, déménagement,… Assez rapidement, mes idées de course printanière ont pris des allures irréalistes. Ma préparation s’appuyait sur les 4 dernières semaines d’un plan sur 16 au total, que je greffais à ma prépa sur 12 semaines tout juste achevée. Mais ce billet pour le marathon de Sénart était du même acabit que celui d’Amsterdam : sa réussite reposait sur une assiduité sans faille.
Bien entendu, avec tout ce remue-ménage autour de moi, c’était impossible à tenir ! C’est au détour d’une bière avec mon collègue et néanmoins ami Laurent que l’idée prend forme. Cela faisait longtemps que l’envie de faire le lièvre le titillait : je ne tenterai pas une nouvelle fois de prendre ces 3h, mais l’accompagnerai pour que lui prenne les 4h !
Faire le lièvre à Tigery, quelle ironie !
Mes collègues Rougénoir qui me liront comprendront l’allusion : Tigery est connu pour ses lapins. C’est vers ce lieu qui nous est d’une certaine manière familier que nous nous dirigeons en ce 1er Mai à l’aube, sous une météo idéale : fraiche, quelques gouttes sont attendues, couverture nuageuse parfaite.
Sans grosse inquiétude (je ne suis déjà pas d’un naturel stressé, à plus forte raison quand seul le plaisir est en jeu !), nous prenons possession de nos dossards. Laurent étant à sec, je le dépanne d’un pack Marathon de gels Punch Power. Oui, je sais. On ne teste rien le jour d’une course : mais je ne le souligne pas pour ne pas générer d’inquiétude. Je fais juste remarquer à Laurent que je n’aurais pas confiance en un mec qui me file des gels et qui carbure à autre chose (poudre Isostar en l’occurrence) !
Le temps d’un passage aux toilettes (hein, parce que bon, pas 2 fois !!!), et nous rejoignons le sas de départ plutôt sur l’arrière (derrière les 4h30). Nous sommes à 2 ou 3 minutes avant le départ, dans une petite rue de Tigery. L’ambiance est conviviale, mais je sens un fort décalage entre mon état d’esprit très détendu et celui des gens autour, qui appréhendent visiblement la distance.
Nous démarrons tranquillement, en-dessous de l’allure. Nous sommes un peu lents. Je le fais remarquer à Laurent, mais je sais qu’il avait prévu de se laisser le temps de monter en température. N’ayant pas travaillé l’allure spécifique, je le laisse imprimer son pas. Nous échangeons plutôt peu au début, quelques impressions tout au plus, et puis nous cherchons un bâtiment que nous ne trouverons pas. Les 5 ou 6 premiers kilomètres passent ainsi tranquillement. Les bénévoles peinent à mettre l’ambiance, il manque une caisse de résonance !
D’un coup, Laurent accélère. Cela me surprend, je lui fais remarquer qu’il est un peu tôt pour etre en confiance.
Ouais mais c’est bon, on est chaud, je suis en forme, j’y vais au feeling : ça passe !
OK pour moi, enfin un 5’/km me semble tout de même ambitieux… Je me cale sur son rythme, tout en essayant de ne pas en rajouter : à vrai dire j’essaye même sans rien dire de contenir la fougue, pour en avoir déjà fait les frais par le passé !
Quoiqu’il en soit, nous avons rattrapé le meneur d’allure de 4h. Nous nous remettrons peu à peu sur 5’40/km (d’ailleurs le chrono confirmera que nous n’avons pas tant accéléré que cela). Le meneur me semble un peu lent, et nous prendrons peu à peu de l’avance. Je garde mon oeil sur le chrono et lap à chaque km pour surveiller l’allure.
Vers le 15è le parcours fait une boucle qui me permet de saluer un collègue Rougénoir. Le passage est en faux plat, on est en forme, on déroule les kilomètres. Je m’amuse un peu, déconne avec les bénévoles, je passe un coup de fil à William :
Florent, si t’es en train de m’appeler depuis un marathon, TU PEUX EFFACER MON NUMÉRO !
On se fait accrocher par Sebastien, compagnon d’infortune, qui court son 2è marathon.
Enfin le passage au semi ! Je sens chez mes acolytes le passage d’un cap, et le changement d’état d’esprit se fait progressivement. Au 25è, ça ne rigole plus du tout. Le parcours devient plus difficile : de longues lignes droites sur route départementale exposées au vent, et ce n’est pas avec ma carrure que je vais les abriter ! L’allure prend un coup. À chaque kilometre, Laurent, qui court plutôt au feeling habituellement s’informe de l’allure. À partir du 25è, jouant sur le mental, je dois avouer qu’il m’est arrivé de tricher un peu.
À combien on est passé ? (6’05) 5’45, on est bon ! Continuez les gars !
Néanmoins, j’arrive à tracter la troupe, en me fixant des objectifs sur 2km : « Tiens, le gars au t-shirt vert qui est à 200m, on le rattrape avant le 33è ! » Et cela fonctionne pas mal. Le challenge est bel et bien pour moi, d’arriver à gérer un changement d’allure tout en souplesse.
On avance, on avance. Le 5’40/km devient très compliqué à tenir. On ne parle plus trop chrono, je reste 3-4 mètres devant, concentré sur la respiration de Laurent. Je l’encourage, en espérant que cela l’aide. Ce n’est pas évident, j’avais déjà « subi » des encouragements lors du Marathon de Paris 2013 : quand on est dans le dur, on a parfois juste envie de dire « mais ta gu**** ! ». Au 35è, nous nous faisons rattraper par le meneur d’allure. Laurent avale un verre, et repart très vite sans se faire dépasser. Les 7 derniers kilomètres, c’est long !
Pourtant on résiste ! On se remet sur un 5’45 environ, qu’on arrive à tenir. Je m’attends d’une seconde à l’autre à ce qu’on décroche, mais rien ne se passe ! Laurent reste, imperturbablement, 20m devant le meneur d’allure des 4h ! On traverse un parc, un petit faux plat. On débouche dans Combs la Ville, 37è, 38è. On passe le 39è, c’est énorme, je n’ai jamais réussi à tenir aussi longtemps devant un meneur ! Pourtant enfin, on redescend, et le meneur d’allure nous déborde. Le peloton est assez réduit. Au 41è, sur la gauche, un coureur est plié en deux en train de vomir. Je dis à Laurent « Mieux vaut lui que nous ! »
Dans le dur, flirtant à la limite de la crampe, on aborde le dernier kilomètre en descente. Enfin on arrive en vue du stade et de la ligne d’arrivée (bon sang que j’adore les finish dans les stades !), on force le pas, et enfin, c’est terminé ! 4h01’30 » au compteur, au moins le prochain objectif est tracé !
Laurent est rincé, au propre comme au figuré car c’est maintenant une pluie franche qui tombe sur le stade de Combs. On prend un petit ravitaillement, on récupère la consigne (mention spéciale aux bénévoles qui tenaient les sacs prêts pour nous avant même que nous ne les ayons repérés), une bouteille de jus de pomme du coin en cadeau, et enfin, la voiture avant de s’enrhumer ! L’air de rien, j’ai quand même fait 42km aussi, et la fatigue est incontestable !
Épilogue
Eh oui, moi aussi j’ai joué à la loterie du marathon de Paris 2015, j’ai râlé contre l’augmentation de 10€ d’un tarif déjà très élevé (et encore, j’ai de la chance, j’ai eu le tarif bas… Ca sert parfois d’être impulsif !), et j’ai malgré tout validé mon inscription pour 2015…
Mais cette expérience était vraiment plaisante, tant dans le format que pour le parcours, et je compte probablement renouveler en 2015 en tant qu’accompagnateur. Qui sait : pour un ami, en tant que meneur pourquoi pas si l’opportunité se présente, nu-pattes pourquoi pas ?